Pour soutenir la diversité en éducation au Québec,
plus de 200 professeurs disent non à un institut d’excellence
Suite à la diffusion du document de consultation relatif au projet de création d’un institut national d’excellence en éducation au Québec, projet piloté par le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement Supérieur, plus de 200 professeurs et professeures d’universités québécoises se sont prononcés résolument contre un tel institut, comme en témoigne la prise de position qu’ils ont signée et qui a été lancée par six collègues de cinq universités : Tom Berryman (UQAM), Stéphanie Demers (UQO), Sophie Grossmann (UQAM), Monique L'Hostie (UQAC), Stéphane Martineau (UQTR) et Frédéric Saussez (U de Sherbrooke).
En pièce jointe, vous trouvez le texte de prise de position, la liste des noms des signataires et leur institution d’appartenance. Ces données sont également disponibles ici :
D’autres contributions critiques quant à ce projet ont également été publiées, notamment la semaine dernière, dans Le Soleil ainsi que dans Le Devoir.
En somme, l’enjeu de la création d’un tel institut ne laisse pas les acteurs et actrices du domaine de l’éducation indifférents. Soulignons ainsi qu’à l’UQAM ce sont près de 60 (soixante) professeurs et professeures qui ont signé la pétition. Le département d’attache et le nombre de professeurs et de professeures qui ont signé sont les suivants :
21 signataires du Département d’éducation et formation spécialisées.
11 signataires du Département de didactique
9 signataires du Département de mathématiques
6 signataires du Département de didactique des langues
5 signataires du Département d’éducation et pédagogie
2 signataires du Département des sciences de l’activité physique
1 signataire de l’École de travail social
1 signataire du Département des sciences de religions
1 signataire du Département de psychologie
Nous nous trouvons de toute évidence en présence d’une importante controverse et d’une forte division suscitée par le projet soumis à la consultation.
Vous trouverez ci-dessous certains commentaires formulés par des signataires et qui peuvent contribuer à étayer le propos. Ils sont extraits des pages internet avec les signatures:
Je signe cette pétition parce que la consultation sur un éventuel institut national d'excellence en éducation est biaisée. Tel qu'il est proposé par le groupe de travail désigné par le ministre responsable de l'éducation, cet institut nuit à la vitalité de la recherche en éducation qui se nourrit de la diversité des points de vue théoriques et des méthodologies de production des nouvelles connaissances, de même qu'il entrave le travail des organismes œuvrant depuis plusieurs années à transférer ces connaissances.
Jean-Pierre Mercier professeur, Département d’éducation et formation spécialisées, UQAM
Il ne faut jamais oublier qu'une étude à l'approche ou aux résultats marginaux peut s'avérer devenir 20-25 ans plus tard, un incontournable. Par exemple: l'importance de saines habitudes de vie ou de l'éducation physique était considérée dans les années '70 et '80 comme une hérésie ou, au mieux, une perte de temps. L'institut national d'excellence en éducation risque de réduire la diversité de la recherche produite et communiquée dans le milieu... diminuant ainsi les chances que d'excellentes études dites « marginales » puissent améliorer les programmes d'études et les services aux élèves. Afin que puisse continuer d'évoluer les sciences de l'éducation, il est impératif de préserver une grande diversité dans la production et la divulgation de la recherche... ce que l'Institut National d'Excellence en Éducation ne saura faire.
Andréanne Gagné, professeure agrégée, Département de didactique des langues, UQAM
Je signe parce qu'il faut faire bien mieux que ce qui est proposé et cela requiert le respect de la complexité de la situation éducative, notamment dans le cas des jeunes qui veulent décrocher et en fonction des défis qui attendent les diplômés.
Thérèse Laferrière, professeure titulaire, Département d’études sur l'enseignement et l'apprentissage, Université Laval
Je signe parce que je crois fondamentalement en la recherche soutenue par un partenariat réel entre les gens du terrain et les chercheurs. Je crois également que les seuls véritables spécialistes de l'éducation sont les enseignants, les directions d'école, les psychoéducateurs ou psychologues œuvrant au quotidien de nos jeunes. Comme chercheurs, nous devons soutenir leurs pratiques et c'est à travers ce pont entre la recherche et la pratique qu'émergeront les pratiques innovantes en éducation.
Suzanne Manningham, professeur titulaire, Département des fondements et pratiques en éducation, Université Laval
Après 37 ans d’engagement en éducation, j’avoue que la proposition du Ministère d’une vision aussi étroite (presque monolithique) de l’action éducative et de la recherche me bouleverse. Je ne comprends pas ou ne comprends plus, surtout lorsque j’observe dans certains milieux tellement d’actions qui démontrent la force d’une vision plurielle de l’enseignement et de la recherche sur l’enseignement. Espérons que cette action provoquera un peu de remises en question!
Luc Prud'homme, professeur, Département des sciences de l'éducation, UQTR
The Institute as presented fails to reflect the multi-faceted rigour of diverse research epistemologies in determining best practices. The Institute leans toward a top-down transfer of research/knowledge that neither reflects nor includes the education community In Quebec (and beyond), nor does it value practitioner research/knowledge and the importance of context. There seems to have been little effort toward a thorough and inclusive process of consultation, revision, validation and approval of the many stakeholders who stand to be impacted by the mandate and emphasis of what will form the focus of the Institute. Will attention be brought to the critical juxtaposition of excellence as that reflects and informs the full spectrum of Quebec society? By providing "training" how would the Institute work alongside other organizations involved in education research and knowledge dissemination (context driven)? What influence might be exerted by the Institute on funding and granting agencies?
Fiona J. Benson, Associate Dean, Academic Programs, Faculty of Education, Université McGill
Privileging only one research paradigm sets the educational research community back decades and seriously limits the possibilities for new knowledge creation and applications. I see no evidence of need for an Institute for Excellence in Education.
Bronwen Low, Associate Professor, Integrated Studies in Education, Université McGill
Pour informations :
Sophie Grossmann, professeure au Département d’éducation et formation spécialisées (poste 1392) grossmann.sophie@uqam.ca
Enfin, les divers signataires auraient tous et toutes de nombreuses raisons d’échanger avec vous au sujet de ce qui motive leur position.